Etre femme, mère et chef d’entreprise, une équation difficile ? « Pas du tout ! » d’après Laurence Vernay. Avocate associée du cabinet TGS France Avocats et présidente de l’association Femmes Chefs d’Entreprises (FCE) Pays de la Loire. Cette mère épanouie de deux enfants nous parle de l’entrepreneuriat au féminin.
Le gouvernement semble s’intéresser depuis quelques années à l’entrepreneuriat au féminin…
En effet, un plan interministériel de soutien à l’entrepreneuriat féminin a été initié en 2013. Il est axé autour de trois priorités : la sensibilisation, l’accompagnement et l’aide au financement. Il y a un réel enjeu économique, social et territorial derrière la question d’égalité des sexes. Lorsqu’une femme crée son emploi, elle crée aussi de l’emploi pour les autres, souvent localement. 80% des femmes développent leur activité près de leur lieu de vie, et le salarié recruté habite à 80% lui-même près de sa résidence. L’objectif de cette politique est d’augmenter la part des femmes chefs d’entreprise de 30 % à 40 % en 2017.
Qui sont ces 30% de femmes entrepreneures françaises ?
50% des femmes entrepreneures exercent leur activité en entreprise individuelle ou sous le régime de l’auto-entrepreneur et 36% ont créé leur société. Parmi ces femmes, 50% ont un chiffre d’affaires inférieur à 25 000 euros et 34% totalisent un chiffre d’affaires supérieur à 50 000 euros. Seulement 10% de ces femmes ont un chiffre d’affaires supérieur à 300 000 euros. Les femmes ont encore du mal à entreprendre autrement qu’en créant de très petites entreprises. Une responsable d’école de commerce me confiait récemment que plus de 50% des promotions sont composées de jeunes filles, qui ont de bons résultats. Mais lorsqu’il s’agit d’entreprendre, elles restent malheureusement très minoritaires…
Qu’est-ce qui explique le manque d’ambition des femmes à entreprendre ?
Sans tomber dans des discours sexistes, les facteurs socio-économiques montrent que la femme joue encore souvent un rôle plus important que l’homme dans la cellule familiale. Quelle femme ne s’est jamais sentie mauvaise mère en rentrant tard du travail ? Dans son livre « En avant toutes », l’auteur américaine Sheryl Sandberg, haut-placée chez Facebook, explique que la majorité des femmes s’auto-censurent au moment d’entreprendre. Contrairement aux hommes, nous avons toujours besoin d’être sûres à 100% de nos capacités avant de nous lancer. Et cela nous paraît difficilement envisageable d’établir des business plan avec 50, 100 salariés.
Un message à adresser aux femmes entrepreneures, repreneuses, qui se lancent ?
Allez à la rencontre des femmes entrepreneures, écoutez leurs expériences. Ça permet d’avoir des modèles, de voir comment marche la création d’entreprise, de se dire « chouette, c’est possible ». La confiance en soi n’est pas innée chez tout le monde. Des coachs peuvent vous conseiller. Ne négligez pas l’intérêt des réseaux d’affaires féminins. Ils sont une source de richesse et d’entraide considérable. Enfin, n’oubliez pas que nous sommes soutenues par l’Etat. Jetez un oeil au plan Entreprendre au féminin, c’est une mine d’infos. « En avant toutes » !
Pour aller plus loin
– cliquez ici pour télécharger le plan Entreprendre au féminin
– le site du réseau Femmes Chefs d’Entreprises en France