Prévenir le burnout, l’affaire de tous

Le burnout se manifeste par différents symptômes : isolement, épuisement physique, cynisme... Il est nécessaire de mieux comprendre ce phénomène et ses causes pour mettre en place des solutions de prévention et mieux protéger ses collaborateurs !

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On ne sort pas indemne d’un burnout. Perte de repères et de sens, isolement, épuisement physique, autant de symptômes que ceux qui l’ont vécu et leur entourage ont parfois sous-estimés avant que le burnout ne s’installe. Mieux connaître le burnout et mettre en place les conditions de sa prévention doivent permettre de protéger les équipes d’un syndrome aux graves conséquences.

Mieux comprendre et détecter le burnout

Le terme burnout apparaît pour la première fois dans les années 70. Il fait l’objet de nombreuses recherches et définitions qui s’accordent sur un point : le burnout se traduit par un état d’épuisement professionnel, émotionnel, physique et psychique, ressenti face à des situations de travail « émotionnellement » exigeantes.

Le syndrome dit « d’épuisement professionnel » recouvre trois dimensions :

L’épuisement émotionnel, psychique et physique. Une fatigue chronique intense que les temps de repos ne soulagent pas.

Le cynisme vis-à-vis du travail. Il se traduit par une attitude négative quant au travail, aux collègues et à l’entreprise. L’individu met son entourage à distance et ne voit plus que les aspects négatifs de ses missions, de son métier.

La diminution de l’accomplissement personnel au travail avec un sentiment fort de ne pas être efficace, de ne pas être à la hauteur. L’individu se dévalorise et se sent dans une impasse.

Les professions les plus à risque sont celles dans laquelle la relation à l’autre est au centre de l’activité et constitue un enjeu. Sont également concernées celles pour lesquelles la mobilisation et l’engagement sont construits sur des valeurs professionnelles très fortes. Ce n’est donc pas un hasard si dans les années 70, le burnout a été d’abord étudié dans les professions médicales et de soin.

Burnout, les causes et la prévention

Les causes du burnout sont à la fois liées à l’individu (valeurs, attentes vis-à-vis du travail, engagement) et à sa situation de travail ou plutôt, la façon dont il la perçoit. Il reste que la charge de travail, les injonctions contradictoires, les objectifs perçus comme inatteignables ou dépourvus de sens, les changements d’organisation peu ou pas accompagnés, le manque d’autonomie et des relations aux autres complexes (services clients ou usagers) sont des facteurs de risque importants.

Les symptômes sont multiples et varient en fonction de l’individu. Toutefois, un changement de comportement ou d’attitude doivent alerter : isolement, plus grande irritabilité ou émotivité, fatigue chronique, perte d’efficacité, erreurs récurrentes, horaires à rallonge, désengagement, critiques vis-à-vis des collègues, de l’entreprise…

La meilleure des préventions reste l’organisation de l’entreprise et le système managérial mis en place :

– Donner du sens à l’action,

– Favoriser l’autonomie et le travail en équipe,

– Partager les objectifs et les moyens pour les atteindre,

– S’assurer de l’adéquation des moyens aux objectifs et aux enjeux,

– Etre vigilant quant à l’amplitude horaire et/ou la charge de travail des équipes,

– Ecouter et donner de l’information,

– Reconnaître les efforts déployés et la qualité du travail,

– Résoudre les conflits,

– Favoriser l’équité,

– Permettre aux individus d’utiliser et de développer leurs compétences.

Dirigeants et collaborateurs doivent aussi être sensibilisés au burnout et à ses manifestations. Savoir détecter des signes avant-coureurs c’est agir avant que le burnout ne s’installe.

Enfin, chacun, individuellement, a un rôle à jouer dans la prévention du burnout pour soi et son entourage. En développant par exemple une meilleure connaissance de soi et de ses limites, en demandant de l’aide avant qu’il ne soit trop tard, en restant à l’écoute de ses collègues et de ses proches.

Si, le burnout s’installe, comment réagir ?

Face à des signes alarmants détectés chez un collègue, nous avons tous un devoir d’alerte auprès du manager et du service RH a minima. La médecine du travail devra elle aussi être sollicitée, soit par le collaborateur directement soit par l’employeur.

Sortir du burnout nécessite un arrêt de travail prolongé avec un accompagnement psychologique soutenu. Il s’agit d’une période réparatrice pendant laquelle l’individu se repose physiquement et émotionnellement, analyse les circonstances qui l’ont conduit au burnout, envisage la suite de sa vie professionnelle.

Le retour au travail ne peut intervenir que lorsque la sérénité est retrouvée et qu’un accompagnement spécifique est mis en place, par exemple :

– Poursuite de la thérapie,

– Travail à temps partiel,

– Réaménagement du poste de travail ou changement d’équipe, de fonction,

– Accompagnement du management et dialogue avec l’entreprise, les collègues

– …

Après un burnout, on observe aussi régulièrement des réorientations professionnelles voire des changements de parcours radicaux.

La survenue d’un cas de burnout doit alerter l’entreprise et la conduire à mettre en place une démarche de prévention. A défaut, les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets.

En 1997, Maslach et Leiter, psychologues de référence sur le sujet, décrivaient le burnout comme « une souffrance qui se renforce progressivement et continûment, aspirant le sujet dans une spirale descendant dont il est difficile de s’extraire ». C’est bien parce qu’il s’agit d’un syndrome grave et qu’il est compliqué de s’en sortir seul, que des réflexions et des actions collectives doivent être menées afin de protéger dirigeants et collaborateurs du burnout.

Pascale Mérand Pecot
Rédigé par

Pascale MÉRAND-PECOT Consultant(e) TGS France